Image par José Manuel de Laá de Pixabay

Les thèmes actuels portant sur l’empreinte laissée par l’homme dans son milieu de vie, et les éventuels dégâts qui en découlent, sont des sujets récurrents régulièrement abordés par les médias, les politiques, etc. Mais l’homme n’est pas le seul à être une menace pour la biodiversité. Il existe des espèces dites « envahissantes » (végétales ou animales), qui perturbent les équilibres écologiques subtils, et il semblerait que le chat domestique en fasse partie. C’est dans le but d’estimer l’impact de nos félins sur leur environnement que le Museum d’Histoire Naturelle a lancé en 2015 une enquête participative à laquelle peuvent collaborer tous les citoyens intéressés.

 

 

Le chat prédateur

 

Le chat a été domestiqué par l’homme il y a fort longtemps, on en trouve des traces il y a plus de 4000 ans avant Jésus-Christ (entre Égypte et Proche-Orient). Il est présent en France Métropolitaine dès l’époque romaine, mais c’est après le Moyen-Âge qu’il s’est répandu et généralisé dans les fermes, en tant que chasseur de rongeurs.

Actuellement, le chat domestique est extrêmement populaire, au point que sa population a dépassé celle des chiens : 14,2 millions de chats dits « de propriétaires » ont été recensés en 2018, sans compter les chats libres, errants et ceux retournés à l’état sauvage. Et ce chiffre ne cesse d’augmenter...

La vision de la domestication par l’homme ayant évolué, on peut dire que le chat doit en partie sa popularité croissante à un mode de vie plus autonome et indépendant que celui du chien.

 

Quelques définitions

 

• Un chat de propriétaire est normalement identifié, très souvent stérilisé, nourri, soigné et sous la responsabilité de son/ses maître(s).

• Un chat dit « libre » est lui aussi identifié, stérilisé, nourri et soigné, mais sous la responsabilité d’une association de protection des animaux/de la nature, ou du maire. Capturé, puis relâché sur les lieux de sa capture, il défend son territoire et évite que celui-ci soit investi par des individus errants féconds.

• Un chat errant est nourri plus ou moins régulièrement par l’homme. Il est difficile d’en connaître le nombre exact, mais on estime sa population entre 8 et 10 millions.

• Un chat féral est un chat domestique totalement retourné à l’état sauvage, vivant et se reproduisant librement dans la nature. Il n’existe pas de données chiffrées quant à sa population.

 

Quelles sont les proies des chats? Quelles quantités ?

 

Les chats sont des animaux carnivores, de la famille des Félidés. Même les chats les plus attendrissants peuvent se révéler de redoutables prédateurs, plus particulièrement la nuit ; ils aiment chasser et s’attaquent plus particulièrement aux petits mammifères, aux petits oiseaux, ou encore à toute proie à sa portée. Son objectif premier n’est pas toujours de se nourrir, mais de satisfaire son instinct naturel de chasseur.

Un chat errant consacrera en moyenne 12h par jour à la prédation, versus 3 heures par jour pour un chat de propriétaire. D’après différentes études, il a été montré qu’un chat bien nourri capturait en moyenne 27 proies par an, contre 273 pour un chat errant, et 1071 pour un chat féral.

Parmi les petits mammifères terrestres (qui représentent le groupe de proies principal – environ 66%), plus de 50 espèces peuvent être chassées et consommées en Europe occidentale. Les petits passereaux des jardins et des campagnes paient également un lourd tribut (22% des proies). Plus exceptionnellement, les chats peuvent aussi chasser et attraper des amphibiens et reptiles (10% environ). Le reste est anecdotique (insectes, poissons, araignées, lombrics, scolopendres, etc.)

Au niveau planétaire, les chats seraient responsables de l’extinction de 63 espèces de mammifères, oiseaux et reptiles depuis environ  500 ans (étude australienne ; dans ce pays, les chats font beaucoup de ravages, et ils y sont même chassés).

 

Toutefois, les chats ne sont pas les seuls prédateurs qui menacent la biodiversité ; les rats jouent aussi un rôle majeur ; sans oublier l’Homme qui par ses activités, l’étalement urbain, laisse une empreinte de plus en plus forte sur le milieu « naturel » en réduisant l’habitat naturel de tous ces petits animaux.

Enfin, les croisements de plus en plus fréquents de par l’augmentation de la population des chats domestiques menace à terme les chats sauvages, dont le patrimoine génétique risque d’être progressivement remplacé par celui des chats domestiques.

 

 

Quelles solutions pour agir et empêcher les chats de nuire à la biodiversité?

 

Parmi les actions possibles :

 

• Tout d’abord pour les propriétaires de chats, il y a la stérilisation et l’identification de l’animal, ce qui a pour effet de limiter les marquages territoriaux, les maladies, et la prolifération.

• De même une alimentation de qualité (riche en protéines animales notamment pour éviter les carences en certains nutriments), en libre-service si possible, limitera les déplacements du félin à la recherche de proies.

Jouer avec son chat pour stimuler son instinct de chasseur (par exemple en agitant un bouchon au bout d’une ficelle), ou lui laisser des objets avec lesquels il pourra simuler différentes étapes de prédation, peuvent aussi contribuer à distraire son animal de la chasse aux petits animaux.

Empêcher son chat de sortir la nuit ou au petit matin, à la période où les tout jeunes oiseaux quittent le nid, ou encore après un épisode de forte pluie est également préconisé.

• Il est possible de munir son chat d’un collier avec clochette, ou d’un bandana coloré qui avertira ses proies potentielles lors de ses sorties.

• Au niveau du jardin où peuvent passer les chats du voisinage, il existe des dispositifs permettant de les éloigner : plantes répulsives, pulvérisation quotidienne d’un mélange répulsif (à base d’eau, de jus de citron et d’huile essentielle d’eucalyptus), installation d’un arrosage avec détection de mouvements (les chats n’apprécient pas trop !), utilisation d’appareils à ultrasons répulsifs (Catwatch®).

D’autres solutions peuvent les empêcher d’accéder aux nids, aux mangeoires ou abreuvoirs installés pour les oiseaux des jardins : grillages entourant les pieds des arbres, grilles StopChat®, branches épineuses, afin de gêner les chats sans les blesser.

 

 

On peut donc être tout à la fois amoureux des chats et de la faune sauvage, et il existe des solutions afin de faire cohabiter plus pacifiquement ces deux catégories, sans que le chat domestique menace la biodiversité.

 

Pour ceux qui sont intéressés par une participation à l’étude du Museum d’Histoire Naturelle :

https://www.chat-biodiversite.fr/participer-la-collecte-de-donnees.html

 

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

26/07/2021