Image par Valerio Hartzheim de Pixabay

Si les chiens présentent le plus souvent des affections des valvules cardiaques (structures qui séparent les cavités cardiaques entre elles, ou avec l’aorte et le tronc pulmonaire - les deux gros vaisseaux qui partent du cœur), les chats sont surtout concernés – dans plus de 95% des cas – par des maladies du muscle cardiaque, le myocarde. Pour cette raison, les maladies cardiaques du chat sont appelées cardiomyopathies félines.

Il en existe différentes formes, mais la plus fréquemment rencontrée est la cardiomyopathie hypertrophique ou CMH (environ 70% des cas), pour laquelle les parois du cœur s’épaississent de façon importante, ce qui diminue d’autant le volume intérieur des cavités (oreillettes et ventricules) ; le cœur ne peut donc plus remplir correctement sa fonction de pompe.

 

 

À quoi est due la CMH chez le chat ?

 

La cardiomyopathie hypertrophique peut apparaître quel que soit l’âge mais touche majoritairement des chats âgés de 5 à 7 ans ; les mâles semblent plus fréquemment atteints (70 à 80%).

La CMH peut être une maladie primaire – de cause inconnue, ou d’origine génétique ; certaines races présentent des incidences plus élevées, comme le Persan, le Sphynx, le British Shorthair, le Scottish Fold, le Norvégien, le Maine Coon, le Ragdoll... Chez ces deux dernières races, il a été démontré un déterminisme génétique : un test sanguin a même été mis au point pour détecter l’anomalie, car des formes de CMH graves peuvent survenir dans ces deux races dès le plus jeune âge.

Mais la CMH peut également être secondaire à une autre maladie générale, comme l’insuffisance rénale, l’hypertension artérielle, l’hyperthyroïdie (après l’âge de 10 ans), ou d’autres affections plus rares (lymphome myocardique, acromégalie...)

 

 

Quels sont les signes de maladie cardiaque chez le chat ?

 

La cardiomyopathie hypertrophique chez le chat est souvent asymptomatique, voire quasi-indétectable au tout début. Au moins 1/3 des chats malades ne présentent pas de souffle cardiaque audible avec le stéthoscope lors de l’examen clinique. La CMH peut évoluer longtemps de façon insidieuse, et apparaître brusquement sans aucun signe précurseur.

Les symptômes observés sont principalement : fatigabilité, intolérance à l’effort, difficultés respiratoires, augmentation de la fréquence cardiaque.

Mais il est à noter que certains restent asymptomatiques toute leur vie, et meurent brusquement d’un arrêt cardiaque.

Dans l’espèce féline existe un signe particulier et propre à la CMH : il s’agit de la paralysie brutale et douloureuse des deux membres postérieurs, due à une thrombo-embolie aortique (TEA) : un caillot sanguin se forme dans le cœur atteint de CMH, puis il s’embolise (il migre dans les vaisseaux sanguins) et vient se bloquer au niveau des artères iliaques, coupant toute circulation ce niveau.

 

 

Comment pose-t-on le diagnostic de maladie cardiaque féline ?

 

Il repose essentiellement sur la constatation des signes cliniques décrits plus haut, appuyée par divers examens complémentaires, comme l’ECG (électrocardiogramme) ou la radiographie. Mais l’examen le plus important reste l’échographie cardiaque, et plus précisément l’échodoppler, qui permet de caractériser le type de cardiomyopathie dont souffre le chat.

D’autres examens complémentaires (mesure de la pression artérielle, bilan sanguin) aident à cerner l’origine d’une CMH secondaire.

 

 

Comment traite-t-on une maladie cardiaque chez le chat ?

 

Chaque forme de cardiomyopathie se traite différemment, et il est important de garder à l’esprit que le traitement mis en place visera uniquement à pallier les effets de la maladie, et ne sera jamais curatif.

On cherchera à améliorer la fonction cardiaque et à agir sur les symptômes qui sont à l’origine de la consultation (difficultés respiratoires, paralysie des postérieurs...)

Si la cause de la CMH est connue, elle pourra être prise en charge, comme c’est le cas de l’hyperthyroïdie, ou de l’HTA (hypertension artérielle) due à une insuffisance rénale chronique.

Un régime alimentaire adapté (pauvre en sel), mais aussi une diminution – autant que faire se peut – des causes de stress ou d’excitation de l’animal font partie des mesures hygiéniques complémentaires du traitement de fond.

L’ensemble de ces mesures a pour objectif de procurer au chat un confort de vie satisfaisant durant plusieurs années.

 

 

Quel est le pronostic pour un chat atteint de maladie cardiaque ?

 

Si le chat est asymptomatique au moment du diagnostic, alors l’espérance de vie est relativement bonne (environ 5 ans), à condition qu’un traitement adapté associé à un suivi régulier soit mis en place par le vétérinaire.

En revanche, si l’animal présente déjà des signes d’insuffisance cardiaque au moment du diagnostic, la survie sera généralement plus courte (plus particulièrement en cas de TEA).

 

 

Quelles sont les autres cardiopathies du chat ?

 

Un petit pourcentage de chats (5%) sont atteints de maladies cardiaques à la naissance, parmi lesquelles on peut citer la dysplasie tricuspidienne (malformation de la valve tricuspide) ou la communication interventriculaire (communication cœur droit/cœur gauche).

Contrairement à la CMH, ces maladies congénitales entraînent l’apparition précoce (dans les premiers mois) d’un souffle cardiaque nettement audible à l’auscultation. Échographie et doppler viendront confirmer l’hypothèse diagnostique et aider à proposer la prise en charge la plus adéquate, médicale et/ou chirurgicale.

 

 

Au moindre doute, ou avant toute anesthésie, il est fortement conseillé de réaliser un dépistage des maladies cardiaques (radio, ECG et surtout échodoppler), afin de vérifier le bon fonctionnement du cœur. En cas de découverte d’une cardiopathie, un traitement adapté sera proposé au chat, et un suivi régulier permettra de surveiller l’évolution.

 

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

03/05/2021