CC0 Public Domain via Pixabay

Votre animal se gratte les oreilles, se secoue souvent la tête en gémissant, présente un port de tête inhabituel ? Cela doit vous mettre « la puce à l’oreille », et vous conduire à consulter sans tarder votre vétérinaire, car il est fort probable qu’il souffre d’une otite. Un examen clinique approfondi permettra de la diagnostiquer plus précisément et de mettre en place le traitement approprié, afin d’éviter toute aggravation.

 

 

 

L’oreille du chien

 

Petits rappels anatomiques :

 

 

• L’oreille externe comprend le pavillon auriculaire et le conduit auditif externe, qui a une forme coudée, en L. Elle est l’organe de perception des ondes sonores.

 

• Le tympan est une fine membrane qui sépare l’oreille externe de l’oreille moyenne.

 

• L’oreille moyenne se compose des osselets, de la trompe d’Eustache, et de la bulle tympanique. Elle permet la transmission des ondes sonores.

 

• L’oreille interne est constituée du labyrinthe qui contient dans sa partie antérieure (limaçon) l’organe de l’audition, et dans sa partie postérieure (canaux semi-circulaires et vestibule) l’organe de l’équilibre.

 

 

Les différents types d’otites / Les symptômes

 

• L’otite externe : c’est la forme la plus fréquemment observée chez le chien ; il s’agit d’une inflammation du conduit auditif externe, jusqu’au tympan. Elle s’accompagne souvent d’intenses démangeaisons : l’animal se frotte ou se secoue les oreilles en permanence ; souvent, il n’apprécie pas (voire refuse) qu’on examine son oreille, à cause de la douleur qu’il ressent. En fonction de la cause, et du stade d’évolution de l’affection, il est possible d’observer des sécrétions brunes ou noirâtres, parfois du pus, à l’entrée du conduit auditif. Très souvent, les sécrétions ont une odeur désagréable (odeur de rance).

 

• L’otite moyenne est une atteinte des bulles tympaniques ; elle peut être associée à une otite externe, mais pas obligatoirement : dans ce cas, l’examen direct du conduit auditif ne révèle rien de suspect. Cependant, l’animal présentera des signes évocateurs d’une otite : démangeaisons, douleurs (quand on touche la base de l’oreille, à la mastication ou à l’ouverture de la gueule), avec divers signes associés : éternuements ou écoulements nasaux, inflammation de la sphère ORL, troubles neurologiques (paralysie d’une moitié de la face, surdité, etc...) du fait du passage de plusieurs nerfs crâniens dans cette zone. Enfin, une tête penchée en permanence doit faire penser à une otite moyenne.

 

• L’otite interne est beaucoup plus rare, et peut toucher soit le nerf auditif, soit le système vestibulaire, avec troubles importants de l’équilibre.

 

 

Les différentes causes d’otites externes

 

Les parasites : le parasite le plus fréquemment rencontré est un acarien appelé Otodectes cynotis, responsable de la « gale des oreilles ». Il s’agit d’une affection très contagieuse, et il convient d’être particulièrement vigilant chez les animaux qui ont des accès à l’extérieur ou qui fréquentent leurs congénères. Les sécrétions brunes à noirâtres sont très caractéristiques de l’otacariose. D’autres parasites (aoûtats, Demodex) peuvent aussi provoquer des otites parasitaires.

 

Les corps étrangers : au cours d’une balade dans les hautes herbes, ou d’une partie de chasse, des petits corps étrangers comme les épillets de graminées peuvent venir se loger dans le conduit auditif et provoquer une inflammation, voire une infection. Certains épillets remontent le long du conduit et peuvent aller jusqu’à perforer le tympan, donnant ainsi une otite moyenne. Les otites dues aux corps étrangers sont souvent unilatérales.

 

Les allergies : les otites allergiques sont plus fréquentes qu’on pourrait le penser, et ont pour origine une allergie alimentaire ou environnementale (acariens, pollens, piqûres de puces...). Il se peut que l’otite soit le seul signe évocateur de l’allergie, mais la plupart du temps, d’autres symptômes seront associés, comme des démangeaisons importantes, des troubles cutanés à d’autres endroits du corps (zones à peu fine, pourtour des yeux, extrémités). Les otites allergiques sont très souvent récidivantes.

 

Les infections bactériennes ou fongiques : elles sont caractérisées par des sécrétions purulentes d’odeur très désagréable. Les germes les plus fréquemment rencontrés sont des bactéries (Pseudomonas, Staphylocoques...) ou des levures (Malassezia). Plusieurs facteurs qui viennent altérer les conditions d’humidité, d’aération et de température du conduit modifient la microflore du conduit auditif (c’est-à-dire les espèces de bactéries et levures bien définies qui constituent la flore naturelle du conduit, assurant un certain équilibre qui prévient l’apparition des infections).

Parmi les causes de déséquilibre de cette microflore, il est possible de citer :

> des nettoyages trop fréquents et/ou avec des produits inadaptés,

> la présence de poils au bord du conduit (d’où accumulation de cérumen et macération par manque d’aération) ; c’est le cas du Caniche par ex.

> un conduit auditif étroit (Shar-Pei),

> des oreilles tombantes (Cocker, Basset Hound, Setter...) empêchant une bonne aération,

> des baignades répétées avec pénétration d’eau dans les oreilles (syndrome du « chien baigneur »),

> des lésions infectées à proximité des oreilles...

 

Les tumeurs ou polypes inflammatoires du conduit auditif (assez rares chez le chien).

 

 

Le diagnostic des otites

 

Vous avez constaté chez votre animal des signes qui vous font fortement penser à une otite : pas d’hésitation, allez consulter votre vétérinaire qui seul peut poser un diagnostic précis et prescrire le traitement adéquat. N’attendez pas, au risque de voir le phénomène s’aggraver ou devenir chronique. Une otite ne se guérit pas toute seule.

Le vétérinaire va tout d’abord réaliser un examen clinique général de votre animal, puis se concentrer sur les oreilles. Après avoir palpé leur base, il va examiner l’intérieur du conduit auditif avec un otoscope : il pourra ainsi constater le degré d’inflammation, la présence de cérumen et son aspect, l’absence de corps étranger, l’état du tympan.

En cas d’otites récidivantes, votre praticien peut être amené à prélever les sécrétions intra-auriculaires, afin d’en faire réaliser un examen cytobactériologique (recherche de bactéries et/ou de levures) et le cas échéant un antibiogramme (recherche des antimicrobiens actifs contre ces germes).

En cas d’otite moyenne, l’examen otoscopique peut parfois se révéler normal, les lésions se situant en arrière du tympan. D’autres examens seront alors nécessaires pour poser le diagnostic, comme des radiographies (recherche d’une anomalie des bulles tympaniques), un scanner ou un IRM.

Dans un prochain article, sera abordé le traitement des otites, avec notamment les bons gestes et réflexes à avoir, ainsi que les erreurs à éviter.

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

27/03/2017