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Votre chien vieillit et ne voit plus et/ou n’entend plus ? Ou bien vous venez d’apprendre par votre vétérinaire que votre compagnon souffrait de cécité et/ou surdité congénitale ? Pas de panique : certes la situation peut sembler compliquée à gérer, mais avec quelques conseils et un peu de patience, votre chien peut parfaitement s’adapter à son handicap et vivre une vie heureuse et paisible à vos côtés ! Nos réticences et nos peurs proviennent souvent du fait que nous oublions que les animaux ne sont pas des humains, et que leur rapport au handicap n’est pas le même que le nôtre !

 

 

 

 

Origine de la cécité et/ou surdité

 

• Il existe deux cas de figure possibles : soit votre chien est né aveugle et/ou sourd, soit il l’est devenu. Lorsque le handicap est présent dès la naissance, on parle de cécité et/ou surdité congénitales ; celles-ci sont provoquées par des intoxications (médicaments, divers toxiques) ou des infections pendant la gestation, ou sont héréditaires.

Certaines races sont prédisposées à la cécité congénitale (Colleys, Dalmatiens, Bergers Australiens, Cockers Spaniels, Dogues Allemands, Caniches, etc.), d’autres à la surdité congénitale (Dalmatiens, Bergers Australiens, Dogues Argentins, Jack Russel Terriers, Yorkshire Terriers, Bouledogues Français ou Anglais, Bergers Allemands, Pinschers Nains, Labradors, Chihuahuas, etc.).

Si vous avez un doute sur la vision ou l’audition de votre chien, faites le examiner par un vétérinaire, afin d’évaluer le degré de handicap, et de vérifier qu’il n’y ait pas d’autres lésions associées. Pour la surdité, il peut être utile de demander une consultation spécialisée en neurologie, et de mesurer les PEA (potentiels évoqués auditifs). En ce qui concerne la cécité, une consultation spécialisée auprès d’un ophtalmologiste est vivement recommandée.

 

• Parfois, la perte de l’audition ou de la vision peut survenir plus tard dans la vie de l’animal, suite à un accident (avec atteinte neurologique) ou une maladie : perte de vision consécutive à un glaucome (hypertension oculaire), à une uvéite (inflammation à l’intérieur de l’œil), à une dégénérescence de la rétine...

 

• Enfin, chez le chien âgé, la perte partielle ou totale de ces deux sens peut tout simplement être liée à l’âge.

 

 

Comment l’animal perçoit-il son handicap ?

 

La situation est différente selon que la cécité et/ou la surdité existent à la naissance, ou surviennent par la suite.

 

• Si le chien est aveugle et/ou sourd dès la naissance, sa vie sera forcément différente de celle de ses congénères, mais il risque fort peu de percevoir ses déficiences comme un handicap : il va tout simplement s’adapter – en général extrêmement bien- n’étant pas conscient de ce qui lui manque.

 

• Si l’animal perd brusquement la vision et/ou l’audition, le handicap est forcément plus flagrant : en cas de cécité, le chien perd ses repères, ce qui est moins le cas lors de perte d’audition, où il perd juste une source d’informations.

 

• Chez le vieux chien, la déficience s’installe souvent progressivement, et l’adaptation se met elle aussi graduellement en place.

 

 

Comment les chiens s’adaptent-ils ? Comment les aider, et communiquer avec aux ?

 

Au tout début, surtout si la cécité survient brutalement, le chien aveugle va se cogner partout dans son environnement. Le chien sourd ne va plus répondre aux appels. Mais heureusement, ils vont trouver rapidement d’autres repères pour se situer dans leur environnement : un chien aveugle va privilégier les sons, les odeurs, les contacts (avec le sol, les meubles...). Un chien sourd se fiera beaucoup plus à sa vue et à son odorat, aux mouvements de l’air, mais aussi aux vibrations qui sont transmises par le sol. De plus, il existe de petits récepteurs présents sur l’ensemble du corps (cutanés, musculaires, viscéraux, articulaires) qui détectent les ondes sonores : le chien sourd perçoit donc les sons ou les vibrations sonores autrement que par l’oreille !

 

Pour communiquer avec un chien déficient visuel ou auditif, l’idéal est d’utiliser un autre sens que celui qui est déficient.

 

• Par exemple, pour un chien aveugle (mais pas sourd), on utilisera beaucoup plus la parole, mais aussi l’odorat : par exemple, si le chien obéit au rappel, on lui fera flairer la friandise récompense au lieu de la lui montrer. Quand il y a plusieurs chiens à la maison, l’animal aveugle peut aussi apprendre à « calquer » ses déplacements sur ceux de son congénère « normal ». Ce dernier sera également un repère rassurant en dehors du cadre familier. Pour un chien aveugle, il sera préférable d’envisager une garde à domicile pour les vacances, afin de ne pas bouleverser ses repères. Enfin, si la cécité survient brusquement, on évitera de chambouler l’ameublement ou la décoration de la maison !

 

• En ce qui concerne la surdité, il convient de rappeler que la communication avec le chien ne nécessite pas forcément l’utilisation du langage ou des mots en tant que tels. La plupart du temps, c’est l’intonation et l’ordre court qui sont perçus par l’animal, mais des gestes clairs avec les mains sont tout aussi efficaces pour éduquer un chien. C’est surtout le propriétaire qui a du mal à ne pas parler à son chien ! En cas de surdité progressive, le chien va de lui-même apprendre à utiliser les signaux visuels. Pour le rappel lors des promenades, il peut être intéressant d’investir dans un collier qui vibre sur commande, surtout si l’animal est loin ou qu’il tourne le dos.

 

• Enfin, pour les animaux à la fois aveugles et sourds, ce sera un peu plus compliqué, et leur autonomie ne sera que relative, dans un périmètre restreint, sécurisé et connu. Mais ils peuvent néanmoins vivre de bons moments en compagnie de maîtres aimants, attentifs et patients !

 

 

Rédigé par : Isabelle Mennecier - Docteur Vétérinaire

27/02/2017